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Georges St-Pierre dit par lui-même. Je ne fus jamais un enfant comme les autres. Dans ma solitude, je me créais un monde à moi, très à part, qui m'est resté. Chaque chose avait un rôle, un nom, monde des oiseaux et des fleurs habitées de sourires, la chambre de vie, invasion de vie. Ce monde, je l'ai pris dans mes bras, je l'ai serré très fort. Je découvre cette vérité: la peinture n'est pas une évasion. C'est une descente en soi, souvent une souffrance. Je l'apprends à mes dépens, dans la pauvreté, au pays des misères. Une ambition me hante: donner à l'art sa vraie raison d'être. Reconstruire le démoli, l'abandonné, I'oeuvre dans la solitude, la pauvreté, l'indifférence. Mais la nature, le vent, la pluie, la neige, le froid même, semble la protection mystérieuse, divine, mystique. Vivre un long combat. Ce qui dure doit s'inscrire au plus profond de l'homme. Dans la fermeté de l'effort, il faut le solide dans l'être, la force en soi. Ma peinture, mon oeuvre, c'est un monde à la fois fermé et ouvert. L'homme se tord, se courbe. J'ai pensé que j'étais l'hymne et que la couleur était mes actions, mes omissions. Ma peinture, c'est moi. Ce qui est sorti de moi, fait partie de moi, ce qui en sortira sera de moi. Découvertes, échecs, impulsion, méditation, amitié, rêve, amour: structure d'une vie liée à la structure du monde. Cette peinture, c'est moi avec mes fautes. La forme en est pensée, celle de mon existence, avec toutes ses lacunes, plus loin que la mort, et encore plus loin que l'éternel. Du seuil de cette demeure, voici l'homme, un refuge, un lien, la chambre de l'amitié, le langage de l'homme à la recherche de l'homme, à la recherche de soi... Descente en soi, montée vertigineuse vers un sommet. Ascension, blanche, noire, rouge et bleue, éclaboussement... lumière...
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